vendredi 28 octobre 2011

East 17 Vs Manowar et de la supériorité des concerts sur les matchs de foot d'un point de vue séductionnel

Restait à recruter le batteur. Il nous fallait le meilleur, notre Dave Grohl à nous. J’eus une idée.
-Tu vois qui c’est Julien. Le grand mec barraque qu’était chez Fred tout à l’heure ?
-Julien… », fit-il en se caressant le menton mentalement. « Ah ouais ! Deuf tu veux dire ! »
C’était effectivement son surnom, j’avais oublié pourquoi.
-Ouais, voilà, Deuf. Bah je crois qu’il prend des cours de batterie.
-Bah pourquoi pas. Il est super marrant ce mec. »
Effectivement Julien était le gars le plus drôle que je connaissais et c’était l’une des raisons pour lesquelles j’avais proposé son nom. Mais pas uniquement. C’était également parce que, sans l’avoir jamais vu jouer de batterie, je savais qu’il avait un putain de sens du rythme. Ca, j’avais pu le constater en cours de musique au collège, dans la classe de Madame Lanus (« Ca se prononce Lanu ! Sans le –s !», tentait-elle vainement de nous convaincre à chaque début d’année). L’un des seuls devoirs qu’on devait rendre dans ce cours, c’était un exposé sur un artiste ou un groupe musical qu’on appréciait. Ca partait d’un bon sentiment de la part de Trouduc. Malheureusement, ça signifiait également qu’on était obligé de subir les goûts de merde des fans de East 17, ou, à l’autre bout du spectre, ceux des aficionados de Manowar (groupe de hard surtout connu pour avoir dépassé lors d’un concert le volume sonore d’un Airbus au décollage). Quoi qu’il en soit, bien souvent Julien accompagnait les extraits de morceaux en tapant avec sa règle et un crayon et j’étais toujours plutôt épaté par sa manière, non seulement d’être en rythme, mais également de rajouter des petites fioritures qui laissaient deviner un talent de batteur qui, bien qu’inexploité, n’en demeurait pas moins réel.
Nous retournâmes donc à la soirée pour informer Julien aka Deuf de l’honneur qui lui était fait, celui de pouvoir auditionner pour la place de batteur dans un groupe sans nom et sans autre répertoire qu’une chanson sans parole mais avec un titre. Il fut enthousiaste.
-Chais pas trop les mecs. Ca serait pour jouer toutes les semaines ?
-Bah dans l’idéal ouais.
-Et quand ?
-Parce que le week-end j’ai souvent foot et le mardi soir, j’ai foot aussi.
-Putain mec, j’en reviens pas ». J’étais effectivement dépité mais pas dénué de ressources. « T’as une copine ou pas ?
-Bah euh, c’est un peu intime comme question…
-bon ok, ça veut donc dire que t’en as pas. » Sans laisser place aux dénégations, j’enchaînai. « Y a souvent des filles qui viennent voir vos matchs au stade ?
-Bah euh non, pas souvent.
-Par contre t’es déjà allé à un concert d’un de ces groupes de reggae de merde là, t’as vu le nombre de meufs qu’il y a à chaque fois ?
-Plus qu’au foot c’est sûr » Je vis son œil s’illuminer. Je devinais que le poisson était ferré et qu’il suffisait désormais de le laisser sauter de lui-même dans la barque. Ce qu’il fit deux jours plus tard.

2 commentaires:

  1. "notre Dave Grohl à nous"... voilà, juste ça.
    Pas besoin d'aller plus loin, c'est splendide!

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