mercredi 12 octobre 2011

Le deuxième concert part 5 ou "L'inspecteur Harry rend son badge"

Dans la salle, les tables formaient un grand U. Installé quasiment en face de ma proie, je l’observai pendant tout le début du cours d’anglais, en attendant qu’elle se décide à écouter la chanson. Au bout de quelques minutes, Sabrina plaça avec discrétion une oreillette dans l’un de ses orifices auditifs et pressa la touche
« play ».
Au début rien, aucun expression sur son visage. Puis un sourire qui me désarçonna. Je mettais mes tripes sur la table et elle, elle souriait ! Qu’est-ce qu’elle avait de si drôle cette chanson ? Peut-être que c’était l’accent qui déconnait. Ou pire : elle avait compris que je parlais d’un lampadaire. Putain mais qu’est ce qui m’avait pris ! Un lampadaire ! Qu’est-ce qu’on en avait à foutre ! J’écartai cependant cette hypothèse en me rappelant que Sabrina avait en anglais à peu près le même niveau qu’un cul de jatte en 100 mètre haies. Conclusion : c’était la musique qui la faisait sourire. J’étais dévasté : je pensais avoir composé l’équivalent pop du requiem de Mozart alors que ma chanson avait la puissance harmonique du petit bonhomme en mousse. Je croyais avoir touché le fond lorsqu’elle éclata de rire. Notre prof la regarda.
-Eh bien, Sabrina, le present perfect vous fait rire ?
-Euh…
-A moins qu’il n’y ait une autre raison ? En ce cas, nous vous serions reconnaissants de partager avec nous l’objet de votre hilarité. Nous aimons rire nous aussi, n’est-ce pas ? », demanda-t-elle en s’adressant au reste de la classe de manière purement rhétorique.
-Oui madame », fit une certaine Lila avec sur le visage le grand sourire du collabo venu dénoncer des voisins juifs au siège de la gestapo.
-Bah, non y a rien », tenta piteusement Sabrina.
-Mais dites moi, vous avez un écouteur dans l’oreille ! Voilà, tout s’explique ! Donnez-moi votre baladeur », dit-elle d’un ton ne supportant pas le concept même de contradiction.
Avec la résignation d’un lieutenant un peu atypique jetant sa plaque sur le bureau d’un commissaire qui lui reproche de n’en faire qu’à sa tête (« Le maire veut votre peau Harry ! »), Sabrina posa le walkman sur sa table et me jeta un regard désespéré. Putain ! Mon Aiwa autoreverse ! Notre prof s’en saisit et en extirpa la cassette.
-Eh bien voyons ce qui vous faisait tant rire.
-Oh oui !
-Lila, je ne vous ai rien demandé.
-Pardon madame.
La prof se dirigea alors vers l’antiquité qui tenait lieu de lecteur de cassette et y inséra « Maquette n°3 », qui comme sont nom l’indiquait clairement, était le troisième volume de mes œuvres. Le Niagara me coulait entre les épaules.

4 commentaires:

  1. mais quel Talent, quelle imagination, ca ne sent pas du tout le vecu !

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  2. Mortel !
    j'imagine déjà la suite...
    un requin sort de l'aquarium et bouffe la prof, non ?

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  3. Merde! maintenant faut que je trouve une fin alternative!

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