lundi 17 octobre 2011

Le deuxième concert part 7 ou "Maverick et Iceman jouent au tennis"

-C’est moi », fis-je d’une voix tremblotante que mes camarades les plus perspicaces reconnurent comme étant la même que celle de la cassette.
-Pardon François ?
-C’est ma cassette. C’est moi qui chante.
-Eh bien, laissez moi vous dire qu’il n’y a pas de quoi se vanter. Bon vous viendrez me voir tous les deux à la fin du cours. »
Et nous y allâmes. Et elle nous colla. Et nous repartîmes penauds, moi humilié, Sabrina, dégoûtée de devoir rester le vendredi suivant de 16 à 17. Avant de la quitter, je lui posai une question qui me taraudait :
-Au fait, pourquoi t’as rigolé en écoutant la chanson ?
-Bah à cause de la voix ! », s’exclama-t-elle comme s’il s’agissait d’une évidence. Comprenant que je le prenais moyennement bien, elle rajouta : « C’est pas que c’est moche hein ? Juste, je m’attendais pas à ça ». Je me maudis intérieurement d’être le Jimmy Sommerville des Hauts-de-Seine. Je n’étais pas au bout de mes peines.
Flash forward : deux ans après, fin de la terminale, je me retrouve dans la voiture d’un pote de Rodolphe. « Who’s Rodolphe ? », se demandent les plus attentifs/curieux d’entre vous ? Le légendaire bassiste de Folks (je reviendrai sur les circonstances de notre rencontre plus tard, mais laissez moi d’abord finir cette anecdote). J’insère dans le lecteur intégré à la voiture la cassette sur laquelle figure notre dernière chanson « Over your eyes ». Le pote de Rodolphe n’est pas au courant que c’est moi qui chante dessus. Il écoute un moment puis se retourne vers son ami qui est assis sur la banquette arrière et lui dit :
-Putain, elle doit être bonne la chanteuse ! » Rodolphe sourit l’air malicieux.
-Bah à toi de voir », fait-il en me montrant du regard. Le gars se tourne vers moi et me dévisage. Au bout d’une bonne minute, la lumière semble se faire dans son cerveau embrumé.
-Nan !? » Sa dénégation exprime l’incrédulité la plus totale. « C’est toi qui… chante ? »
-Bah ouais.
-Vous vous foutez de ma gueule.
-Bah non.
-Vas-y chante pour voir », me demande ce type que je commence à trouver un peu lourd. Afin de pouvoir enfin changer de sujet de conversation, je m’exécute, doublant la voix qui s’échappe des enceintes de la voiture.
-Putain, j’y crois pas », fait le mec qui semble réellement ébranlé dans ses convictions. Il me regarde avec des reproches dans les yeux, comme si je lui avais joué un mauvais tour, et semble s’interroger sur la valeur d’un monde où vérité et artifice s’entremêlent de manière aussi inextricable.
-Je me sens…souillé », laisse-t-il finalement tomber, ce qui suscite l’irrépressible hilarité de Rodolphe.
Oui d’accord, Rodolphe, j’y reviens. Eh bien ce mec constitue la preuve vivante que jouer au tennis peut servir à autre chose qu’à se faire des tendinites à répétition. C’est en effet sur les courts d’Alexis Maneyrol que nous nous rencontrâmes. Nous étions, lui, moi ainsi qu’une poignée d’autres, connus comme…« les entraînés » (à prononcer d’une voix empreinte de stupeur et d’effroi). Cela signifiait qu’étant donné notre supériorité technique sur le tout-venant, nous bénéficions gratuitement de deux heures d’entraînement hebdomadaire supplémentaires. C’était un peu l’équivalent tennistique de Top Gun, un endroit où étaient réunis les éléments les plus prometteurs. J’étais Maverick (bien sûr ! Qui d’autre ?) et Rodolphe était Iceman, le mec un peu froid qui est le seul à pouvoir ravir la première place au héros. Bref, on ne pouvait pas se blairer.

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