vendredi 7 octobre 2011

Le deuxième concert part 3 ou "comment apprendre l'harmonie avec MacGyver"

Mais pourquoi Dieu m’avait-il retiré ce dont je pensais avoir le plus besoin pour le donner à mon frère qui ne l’utilisait que pour frimer devant ses potes en chantant les notes de « Money for nothing ». J’étais courroux. Cependant, lumière dans les ténèbres, j’appris qu’il était possible d’acquérir, à force d’entraînement, l’oreille relative, ce qui constituait une sorte de consolation. Mon prof (toujours pourvu de son appendice capillaire répugnant) m’expliqua la chose avec un brin de condescendance : les sous-êtres comme moi pouvaient améliorer leur oreille en s’efforçant de chanter les notes d’une mélodie au moins une heure par jour en s’accompagnant au piano. A peine rentré chez moi, je me saisis de mon livre de partition des Beatles et m’exerçai sur « Yesterday » : au lieu de chanter « Yesterday, all my troubles seemed so far away », je faisais « la-sol-sol…si-do dièse-ré dièse-mi-fa dièse-sol-fa dièse-mi-mi ». Bon ces saloperies de dièses me foutaient un peu dedans, vu que dans ce cas précis une note était censée correspondre à une syllabe. N’empêche, si je souffrais de cet exercice un peu rébarbatif, mon entourage en était la principale victime. Mes parents et mon frère en premier lieu. Ils m’entendaient en effet chanter le nom des notes de toutes les mélodies qui me tombaient sous l’oreille. Genre, quand le générique de MacGyver retentissait, je me mettais à faire « do do do do do do do si…fa la sol…do do si sol la sol fa » etc etc. Généralement, mon frère tentait de se contenir un moment puis craquait et me lançait le premier objet contendant qui traînait aux alentours. Mes camarades de classe n’étaient pas non plus épargnés par cette manie : ainsi cherchant à retrouver de tête le nom d’une note, je me mettais subitement, sans avertissement préalable, à crier « LAAAAAAAAAAA !! ».
-Putain faut que t’arrête ça », me fit Vincent une fois tout en se palpant la poitrine, cherchant vraisemblablement à réamorcer l’afflux sanguin dans le ventricule gauche.
-Quoi donc ? », répondis-je innocemment.
-Tes cris là ! Sérieux ça me stresse, on sait jamais quand ça va arriver ! Je te promets ça me bouffe ! » J’avais beau porter une amitié franche et sincère à Vincent, je me serais néanmoins entraîné de plus belle si j’avais vu que l’exercice portait ses fruits. Mais au bout d’un mois je me livrai à une sorte de test. Je me mis dos au piano, demandai à mon père de me donner une note de référence (le « laaaaaaaaaaa ») puis après un instant de jouer une note au hasard.
-Réééééé ? », tentai-je timidement ?
-Non, c’est un si », fit mon père implacable.
Me concentrant à m’en faire péter les sourcils, je demandai à mon géniteur de renouveler l’exercice.
-Sooool ?
-Ré.
-Putain ! Sa mère la p...
-Eeeeeeh !!!!!!
-Siiiii ?
Sur dix notes, pas une de bonne. Incroyable. Même en m’en remettant à l’aveugle hasard, j’aurais dû tomber au moins en trouver une ! Mais non. Je me plantais avec une régularité métronomique.
C’est ainsi la mort dans l’âme qu’un mois après avoir commencé à m’entraîner, je renonçai à l’espoir d’un jour pouvoir me la péter sur Dire Strait (« Money for nothing !!!!! »).

2 commentaires:

  1. Ahaha... mais avec toutes ces péripéties drolatiques nous as fait oublier le principal : et ce deuxième concert alors ?

    RépondreSupprimer