vendredi 21 octobre 2011

Le deuxième concert Part 9 ou "Pour la prohibition du didgéridoo, des dreadlocks et de la musique militaire"

C’était dans le cadre d’un de ces tremplins organisé par des gens peu scrupuleux qui n’hésitent pas à tirer parti de la naïveté des groupes amateurs auxquelles ils ont affaire. Je crois que le système existe toujours. En tout cas à l’époque le deal c’était : on te fait jouer dans une bonne salle mais en contrepartie tu t’engages à ramener tant de potes à tant la place. Si tu n’y parviens pas, bah tu payes la différence. Enthousiastes à l’idée de se produire dans des endroits assez connus, les groupes disent banco et font chier la moindre personne qui passe dans leur champ de vision durant les deux semaines précédant le concert pour éviter de lâcher eux-mêmes la thune.
Bref, Listen to the Kangaroos jouait cette fois là au New Morning. Avant eux, deux groupes dont je ne me rappelle plus le nom et encore moins la musique. Finalement ça a été le tour de Rodolphe et de ses collègues. Première chanson : ô surprise, un hymne à la légalisation du cannabis avec, en prime, une vision toute en nuance de cet estimable corps de métier qu’est la police nationale. Je crois sincèrement avoir entendu le chanteur faire rimer « flic » avec « colique » (« alcoolique » constitue une autre possibilité). En résumé, les mecs étaient pas mal engagés. Et cela, autant politiquement qu’artistiquement comme le prouva la deuxième chanson. Cette dernière fut précédée d’une intro du sus-cité joueur de didgéridoo, un petit blanc à dread chiasseuse qui semblait déterminé à apporter la preuve que, question capacité pulmonaire, bah il se plaçait là. Cinq bonnes minutes passées à l’entendre produire des bruits situés à mi-chemin entre l’agonie de la vache atteint de la maladie de Creutzfeld Jacob et le barrissement d’un éléphant se faisant rouler sur la patte par une jeep. Puis il se mit d’accord avec lui-même pour répéter un thème de trois notes en boucle sur lequel vint se poser une guitare rythmique dont le propriétaire avait visiblement une idée claire de ce que devait être le reggae : une musique martiale qui se rapprochait plus de la bourrée que du calypso. Finalement, je regardais Rodolphe qui se tenait à une extrémité de la scène comme s’il se réservait le droit de se barrer à n’importe quel moment, la situation dût-elle empirer au-delà du supportable. J’essayais de me concentrer sur son jeu et force me fut de constater qu’étant données les circonstances, il s’en sortait plutôt bien, réussissant parfois même à me faire oublier par l’ingéniosité d’une ligne qu’il fournissait la nécessaire structure d’un édifice monstrueux.
Vint la fin de leur prestation. Comme pour les autres groupes, le public fut appelé à voter à main levée. Par souci d’intégration je levai ma mimine comme tous les amis qui se trouvaient là, avec l’impression de cautionner un acte un peu honteux sans réellement pouvoir faire autrement. Là, très sérieusement, un mec de l’organisation fit semblant de compter les mains et déclara d’un ton qui ne laissait pas place à la discussion : « 116 ! ». Avec un tel score, Listen to the kangoroos remportait haut la main le match qui les opposait aux autres formations et gagnait un ticket pour jouer à l’Elysée Montmartre.
J’attendis que Rodolphe sorte des coulisses pour le saluer avant de me retirer.
-Alors ? T’as trouvé ça comment ?

5 commentaires:

  1. La dread chiasseuse c'est une lapalissade ou un euphémisme ? :p

    Sinon vraiment pas mal ta description du didgeridoo... même si j'en ai entendu un plutôt bien utilisé chez AlgoRythmiK récemment (heureusement ni reggae ni "engagé").

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  2. La suiiiiite ! (par contre, on écrit "kangAroo")

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  3. @rabbit: c'est pas un pléonasme plutôt?
    @pipouce: ça viens

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  4. pipouce, à cheval sur l'orthographe24 octobre 2011 à 05:44

    ça vienT

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