vendredi 14 octobre 2011

Le deuxième concert part 6 ou "Etre souple rend-il plus susceptible d'être aimé?"

-« There’s a light in my street/ Sometimes that’s where we meet »
Ma voix résonna dans la classe. Heureusement je chantais relativement aigue (nous y reviendrons en temps et en heure), aussi ne craignais-je pas d’être reconnu par qui que ce soit. Mais j’avais quand même l’impression de me retrouver intégralement nu devant mes camarades, et, étrangement, je trouvais l’expérience assez désagréable. Lorsque Madame G... arrêta la cassette, je m’attendais au pire. Je n’avais pas suffisamment d’imagination.
-C’est bourré de fautes et l’accent est exécrable. « That’s where we meeeet » », fit-elle en accentuant le « eeee » de manière humiliante « pas « zat’s ouere oui mite ».
Putain d’accent. Je savais que c’était pas mon point fort. Mais c’est lorsqu’elle s’attaqua aux erreurs lexicales que je pris particulièrement cher.
-« I think you’re lovable/ Because you’re flexible » ? Très sincèrement, je me demande ce que l’ « auteur » de cette… « chanson », a voulu dire. En l’état, cela signifie : « je pense que tu es aimable/ parce que tu es souple ».
La classe éclata de rire (ce qui donna quelque chose comme « mouahahahah souple mouahaha »). J’étais vraiment indigné sur ce coup là. J’aurais voulu taper du poing sur la table et dire comme Balzac, « j’accuse » !!! Parce que, selon le Harrap’s de mon frère, « flexible » ça pouvait aussi vouloir dire « tolérant », pas uniquement « souple ». On aurait dès lors très bien pu traduire ces deux lignes de texte par « Je pense que tu es quelqu’un d’aimable / parce que tu es ouverte d’esprit » !!! Enfin c’est ce que j’avais voulu dire.
Bref, faisons la courte, tout le texte y passa, l’humiliation était déjà quasi totale lorsque que Mme G… porta le coup de grâce.
-Bon Sabrina, je vous mets un zéro : autant pour avoir écouté de la musique en classe que pour avoir écrit un texte aussi grammaticalement révoltant. Je vous conseillerais également de travailler un peu la justesse de la voix.
J’étais face à un sacré dilemme : ne rien dire et réduire à néant mes chances avec Sabrina ; me dénoncer et passer pour une brèle aux yeux de la classe.
Je me dénonçai. Oh j’entends d’ici persifler les plus malfaisants d’entre vous. Je me donnerais le beau rôle soi-disant. Je réduis à néant ces objections en précisant que, non, bien sûr, ce n’était pas la bravoure qui m’animait mais bien plutôt la conscience de voir s’éloigner à mesure que s’égrenaient les secondes ma découverte d’une sexualité où je n’étais pas le seul intervenant.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire