mercredi 19 octobre 2011

Le deuxième concert part 8 ou "Julien Lepers meets Master of Puppets"

Toujours est-il qu’au bout de quelques années, il arrêta le tennis, précédant de trois ou quatre mois la fin de ma propre carrière. Je n’avais plus entendu parler de lui jusqu’à mon arrivée au lycée de Sèvres où je le retrouvai. N’ayant aucune raison de lui parler, je m’en dispensai. Jusqu’au jour où on se retrouva dans la même soirée. On commença à discuter un peu par politesse puis on s’aperçut qu’on avait des goûts musicaux en commun : un peu comme dans ce film, « Boogie Nights » où deux personnages croient avoir trouvé l’âme sœur en découvrant qu’ils aiment tous les deux les couchers de soleil, on avait l’impression d’être les premiers à adorer les Beatles.
-Et « I am the walrus »? T’aimes « I am the Walrus »?
-Carrément!
-Et « A day in the life »? Tu vois laquelle c’est ? Celle qu’a plusieurs parties là…
-Clair !
« Clair ». Profondeur de l’analyse. Après les Beatles, on est passé à Nirvana (« Sérieux ? Toi aussi t’aimes « Smells like teen spirit » ? ») puis aus Pixies et à Pavement. Eh bien, quatre à la suite comme dirait Julien Lepers. On était raccord sur tout. Enfin presque tout vu que moi Metallica je m’en battais les rouleaux, ce qui n’était pas le cas de Rodolphe.
-Sérieux t’aimes pas ? Même « Master of puppets » ?
-Bah c’est un peu violent quoi…
-Mais c’est ça qu’est bon !», m’expliqua-t-il avec un enthousiasme qui me sembla un peu inquiétant. Puis il me raconta une anecdote : il avait décidé de jouer de la basse en écoutant Enter Sandman sur le Black album.
-J’étais sûr que l’intro était jouée à la basse. Du coup j’ai tanné mes parents pour en avoir une. Bon finalement j’ai découvert que c’était James Hetfield qui jouait l’intro à la guitare, mais c’était trop tard, j’avais déjà cette basse sur les bras.
-Et ? », demandai-je comme s’il était sur le point de me révéler qui était derrière l’assassinat de Kennedy.
-Bah qu’est ce que tu voulais que je fasse ? Je m’y suis mis et puis voilà.
Il m’expliqua par la suite que ça n’était pas forcément une mauvaise stratégie de jouer de la basse.
-Personne ne veut en jouer. Tout le monde veut être à la guitare ou au chant. Rapport aux meufs. Du coup, plein de groupes cherchent un bassiste donc tu peux jouer un maximum si tu te démerdes pas trop mal. Bon le problème c’est qu’en ce moment tout le monde joue du reggae et de la funk. Marrant deux minutes mais bon moi c’est pas vraiment mon truc.
-Tu m’étonnes. Putain de reggae de merde.
-Je joue dans ce groupe là Listen to the Kangaroos. C’est un peu ça. Y a un clavier, des cuivres. Même un mec qui joue du Didgéridoo.
-Nan ? Sérieux ?
-Ouais, enfin il joue sur deux morceaux quoi.
-Et le reste du temps, il fait quoi ?
-Différentes choses, mais principalement il danse.
-Il danse ?
-Ouais, il danse.
-Genre comme les mecs qui accompagnent James Brown sur scène ?
-Euh, si tu veux…en moins structuré quand même.
Dubitatif, je me pointais à un concert de Listen to the kangaroos auquel Rodolphe m’avait invité.

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