vendredi 4 novembre 2011

Nirvana vs Grand orchestre du splendid : de l'importance d'un nom qui tabasse

L’ami en question, un certain Manu, avait rapporté la cassette de Heat, le film de Michael Mann où De Niro fait du De Niro, Pacino du Pacino et Val Kilmer joue comme une merde. Je m’ennuyais profondément, ayant l’impression que le but du réalisateur avait été de voir combien de balles on pouvait tirer dans le même film. Puis vint un moment atypique dans le film où De Niro se retrouve avec une femme sur le balcon d’un immeuble surplombant ce qui, dans ma mémoire, ressemble fortement à Los Angeles. Pour l’occasion Robert a rangé son flingue et écoute la fille lui raconter sa vie, quand soudain elle parle de sa famille en disant « my folks… » etc. Epiphanie ! Révélation ! Notre groupe s’appellerait Folks ! Tout collait à la perfection : je jouais de la guitare folk, nous étions des gens tout ce qu’il y avait de plus normaux (nuance que restitue bien le terme « folks » en anglais) et en plus à l’oreille ça tabassait ! Ajoutons à ça que les meilleurs groupes avaient toujours des noms tenant en un mot : les Beatles, les Pixies, Nirvana. Tandis que de l’autre côté du spectre il y avait le Grand orchestre du Splendid.
-« fucks » ?
-Mais non ! « Folks » », corrigeai-je Julien.
-« The Folks » ?
-Nan, Folks tout court.
-Moi j’aime bien », dit Rodolphe après une minute de réflexion.
-Mouais », fit Deuf, pas convaincu. « Ca manque un peu de mystère je trouve. Pourquoi pas « red blood » ?
-Red Blood ?
-Ouais Red Blood. Le « sang rouge » », ajouta Julien pour nous éclairer « Ca tape non ?
Au bout de dix minutes nous parvînmes à lui faire lâcher cette étrange idée en mettant en évidence que le sang pouvait difficilement être d’une autre couleur que rouge et que « red blood » ça sentait un peu le pléonasme. En bougonnant pour la forme, il se rangea alors à l’avis de la majorité et voilà : le groupe était, sans plus de circonvolutions, baptisé « Folks ».
Nous commençâmes à répéter d’arrache pied, enfin autant que nous le permettait une unique répétition hebdomadaire. Afin que je ne me trimballe pas la guitare au bahut toute la journée, ma mère me déposait chez Rodolphe avant les cours pour que je laisse ma guitare chez lui. Comme tous les deux on commençait une heure plus tard ce jour là, on regardait généralement un bout de catch attack.
-Lui, il s’appelle le « tremblement de terre » », m’expliqua une fois Rodolphe en désignant un mec qui avait des trapèzes surdéveloppés.
-Earthquake ?
-Nan, le tremblement de terre.
-Ouais mais il est américain non ? Du coup…
-Mec on s’en branle. Par contre ce qui est bon à savoir c’est qu’il s’entraîne avec Harold Schwarzenegger ?
-Arnold nan ?
-Ah ouais ptêtre. En tout cas ce mec c’est une vraie bête, un malade, une machine à faire souffrir l’adversaire.
-Ah ouais ?
-Ouais. Il y a un an il a volé la ceinture de la WWE à Hulk Hogan…
-Volé ?
-Ouais, volé. Il a profité d’un moment d’inattention d’Hulk pour lui fracasser une chaise sur la tête. Un truc vraiment dégueulasse vu que normalement ils ont pas le droit d’utiliser le mobilier.
- ???
-ouais, c’est la règle. C’est dur mais c’est la règle. Tiens ! Regarde la clé de bras qu’il fait à l’Undertaker !
-Le croque mort ? C’est son nom ?
-Chais pas, il est américain.

1 commentaire:

  1. Folks, tadam ! "And the rest is history" comme ils disent dans les bios de groupes de stades à l'Américaine...

    RépondreSupprimer