mercredi 9 novembre 2011

Folks sur le toit du monde: football et gastronomie indienne

Il était 19h et on commençait à avoir faim. On chercha un moment dans le quartier un restaurant pas trop cher pourvu d’une télé et on atterrit finalement à l’Everest un Indien dont le propriétaire avait l’air italien. Après avoir commandé pitance et reçu un cours accéléré sur la cuisine du rajasthan (« Tout est cuit dans un four appelé le Tandoor »), nous regardâmes en silence la spéciale coupe du monde de TF1, on apprit que NOS joueurs s’étaient entrainés une petite heure puis qu’ils avaient mangé des pâtes.
-Ouais des sucres lents, normal » fit Julien. Putain après le latin, la nutrition. Ce gars ne cesserait donc jamais de m’étonner. Le téléphone portable de Rodolphe fit vibrer la table.
-C’est Vincent, il est arrivé. Il demande où on est.
-A l’Everest.
Rodolphe répondit donc en faisant jouer son pouce surdéveloppé sur les touches du téléphone et cinq minutes après, Vincent arriva. Depuis le funeste concert de Réticulum endoplasmique, il avait troqué la raie au milieu pour une coupe plus déstructurée.
-Ca va les mecs ? Quoi de neuf ?
-Ils ont mangé des pâtes », dit Deuf en montrant de la tête nos joueurs filmés dans les vestiaires.
-Normal, sucres lents quoi.
-Ouais voilà.
Puis les joueurs entrèrent sur le terrain, accompagnés par des enfants qui étrangement me semblaient être tous blonds. Les hymnes. Puis début du match. Bon je vais la faire courte, je n’ai aucun souvenir de cette première mi-temps. La seule chose dont je suis sûr c’est qu’au bout de 45 minutes, le score était vierge. Pas un but, rien, walou, keutchi. Tout allait se décider pendant la seconde mi-temps, ou durant les prolongations. Si ça allait jusqu’aux tirs au but, on avait peut-être une chance de pouvoir les regarder après notre concert mais bon il y avait quand même de fortes chances pour que tout se décide sans nous. Le moment n’était plus aux regrets, on s’était engagé, il y avait pas à chier, nous devions donner ce concert.
-Va falloir y aller les mecs », dis-je avec douceur. Julien me regarda comme si je venais de lui demander d’abandonner son frère malade. Puis il hocha la tête en signe d’assentiment comme s’il venait de comprendre que lutter contre la mort ne servait à rien : il fallait laisser partir Kévin.
-Vincent, tu viens ?
-T’es ouf ! Je vais à l’hôtel de ville ! Y a un écran géant !
Je le regardai. Incrédulité et déception.
-T’es pas venu pour le concert ?
-Bah non ! Demi mec demi !
Ceci dit il se mit à trottiner en direction de la mairie, nous abandonnant à notre triste sort. Nous regagnâmes la péniche. Il était près de neuf heures et le soleil déclinait dans le ciel tel l’espoir dans notre cœur.
-Putain les mecs, vous auriez dû commencer y a dix minutes !
Déjà en général je n’accepte pas qu’on me parle comme ça, mais a fortiori lorsque l’agresseur porte des lunettes avec des photos de lui sur les verres.

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