lundi 7 novembre 2011

John Carpenter's style

Après s’être cultivé, on allait en cours et à la fin de la journée, on revenait avec Deuf et on s’y mettait. Au bout de quelques semaines on avait déjà trois quatre morceaux dont « Fnôlic ». Rodolphe qui aimait bien jouer avec son quatre pistes m’avait enregistré en train de chanter je ne sais plus quel morceau puis il avait passé la bande à l’envers. Ca donnait un truc assez marrant sur lequel il avait placé une musique bien oppressante, John Carpenter’s style. « Fnôlic » parce qu’on avait l’impression que c’est ce que je répétais sur le refrain. Comme on aimait bien le morceau on a essayé de le reproduire mais c’était compliqué, j’avais un peu l’impression de chanter en bushman.
Puis vint le jour où nous eûmes suffisamment de chansons en réserve pour pouvoir faire un petit concert. Je ne me souviens plus de la manière dont on a trouvé le plan mais on nous a finalement proposé de jouer en première partie d’un autre groupe sur une péniche amarrée dans Paris. La balle au bond. Je me rappelle bien c’était le début de l’été 98. Très précisément le 8 juillet. Pas que j’ai une mémoire de malade mais tout simplement parce que j’ai tapé dans le moteur de recherche « France Croatie 98 » et que ça m’a sorti la date. Et oui, Nous avions eu la riche idée de nous produire pour la première fois le soir de la demi-finale de coupe du Monde de football opposant notre glorieux pays à cette fière nation issue de l’ex-Yougoslavie. N’étant pas particulièrement fan de foot, j’apprenais la coexistence des deux événements, environ une semaine avant lorsque Julien menaça de faire grève.
-Putain les mecs ! La demi-finale quoi ! Je peux pas rater ça !
-Attends, on sait même pas à quelle heure on joue ! Avec un peu de chance, on aura fini pour le coup d’envoi. En plus on sera juste à côté de l’hôtel de ville. Ils vont mettre un écran géant. Je suis sûr qu’on pourra mater le match après le concert, t’inquiète pas !
J’avais tort. Lorsqu’on arriva sur place, en fin d’après-midi pour faire la balance, on apprit que nous commencerions à la deuxième mi-temps. Les mecs qui jouaient après nous et qui avaient trouvé le concert espéraient ainsi que leurs potes viendraient après la rencontre.
-Bah on va mater la première mi-temps, c’est déjà pas mal, non ? », essayais-je vainement de positiver.
-La demi quoi ! », répétait Julien sans parvenir à vraiment réaliser qu’il allait louper la moitié d’un des événements footballistiques de la décennie. Aussi, c’est un peu hébété qu’il se soumit aux exigences de l’ingé son lorsque ce dernier régla le son de la batterie.
Après notre balance on croisa les gars de l’autre groupe. Pas de souvenirs très précis ni de leur gueule, ni de leur musique. Je me souviens juste que le chanteur avait l’air d’un vainqueur et qu’il portait des lunettes de soleil avec des verres sur lesquels il avait collé des photos d’identité de sa propre personne.

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