lundi 28 novembre 2011

Le syndrome Griffin Dunne

-Bonjour Monsieur.
-Bonjour François ! », fit le père de Nico avec enthousiasme. Il m’aimait bien ce qui était généralement le cas des parents de mes amis qui me considéraient un peu comme l’équivalent du « gendre idéal » version camarade : j’étais poli, je n’avais pas l’air de me droguer et j’étais habillé comme un propriétaire terrien (j’avais même une montre à gousset que m’avait acheté mon père pour rigoler).
-Alors ? Abbey Road hein ? Pas vraiment votre époque ça ?
-Bah ouais mais bon c’est quand même bien quoi…
-Ah ça oui ! On peut même dire qu’on n'a pas fait grand chose de mieux depuis, non ?
-Euh, bah…
-Franchement, tu peux me donner le nom d’un seul bon groupe en activité ? », me demanda-t-il comme si j’étais personnellement responsable de la décadence artistique de notre époque.
-Quand même », tentai-je de m’opposer « y a Nirvana qu’était vraiment b…
-Nirvana ? Le drogué là ? Un bling deux blang !
J’eus de prime abord un peu de mal à comprendre l’expression. Ce qui m’aida à en saisir le sens, ce furent les gestes qui accompagnaient les paroles. Le père de Nico semblait en effet gratter les cordes d’une guitare : un bling deux blang c’était sa manière à lui de dire que la musique de Nirvana n’était pas très évoluée, comme si elle ne comptait que trois accords. Etant son hôte, j’optais pour la technique dite de la carpette et murmurait un « oui oui », comprenant ce qu’avait dû ressentir le président du conseil français lorsqu’il avait autorisé l’Allemagne hitlérienne à envahir la Tchécoslovaquie en 1938.
-bon, on s’y colle ? finit par dire Nico.
Meet Balou, labrador de 10 ans, 35 kilos, pelage jaune sable, hyperactif. Après un quart d’heure de lutte, nous parvînmes à lui mettre une laisse autour du cou. Nous sortîmes avec le monstre et nous nous dirigeâmes vers le passage piéton qui passait piétonnement à quelques mètres de la maison de Nico. L’idée c’était Rodolphe devant, Balou, moi ensuite puis Baptiste fermant la marche.
Arrivé à ce niveau du récit je me dis « merde : j’ai oublié de leur parler de Baptiste ! ». Le travail de mémoire est chose mystérieuse. En tout cas chez moi, c’est mystérieux, voire énigmatique. J’oublie des trucs essentiels genre mon adresse, mon numéro de carte bancaire, me laver. Par contre je suis capable de retrouver sans aucun problème le nom d’acteurs de films que je n’ai pas vus pour les avoir lus au détour d’un article. Ma copine appelle ça le syndrome « Griffin Dunne » depuis qu’un jour, j’ai retrouvé le nom de cet acteur qui jouait dans After Hours de Scorsese (jamais vu, paraît que c’est bien). Bon y a toujours un connard pour dire, le petit doigt en l’air et la bouche pincée, « Griffin Dunne ? Mais bien sûr je connais Griffin Dune ! » genre c’est Bruce Willis. Bref. Tout ça pour dire que j’ai oublié de parler d’un évènement essentiel : l’arrivée de Baptiste dans Folks.

5 commentaires:

  1. Griffin Dunne ? Mais bien sûr je connais Griffin Dune ! Même qu'il a aussi joué dans l'excellent Loup-Garou de Londres de John Landis (qui l'aurait bien fait aussi sur votre photo d'Abbey Road... enfin le Loup-Garou, pas John Landis malgré sa barbe au poil brillant).

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  2. Putain John Landis! Blues brothers 2000! Je m'avoue vaincu

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  3. Meuh non allez quoi, Hamburger Film Sandwich ! Et on en revient à Alain Chabat qui l'a pompé comme un malpropre avec ses Nuls...

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  4. super film After hours ... je crois qu'il fait aussi l'arbitre du concours d'apnée dans le grand bleu.

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  5. En fait j'avoue, je l'ai vu et j'ai beaucoup aimé! Je savais pas pour le grand bleu: là tu m'impressionnes!

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