mardi 31 janvier 2012

Taratata 6: "Ouais j'ai rencontré Chris au catering"

Bon finalement, toutes les découvertes furent passées et Mika nous demanda ce qu’on souhaitait faire : regarder les autres artistes ou retourner dans notre loge.
-En fait, nous on va rentrer chez nous », dit Léo. « On reviendra en fin d’après-midi si c’est possible.
Je me tournai vers lui, extrêmement peiné : il ne restait pas toute la journée ? Moi qui m’imaginais déjà qu’on allait passer notre après-midi à rire, à pleurer et à chanter « Wicked Game » en chœur.
-Vous faites quoi vous ? », nous demanda-t-il à Christine et à moi.
-Bah moi faut que je m’entraîne un peu donc je vais retourner dans les loges.
-Moi, je vais regarder les répètes», fit Christine .
-Bon bah nous on reviendra vers 18h je pense. A plus ! » Et déjà, il n’était plus qu’un point à l’horizon.
En totale cohérence avec nous-mêmes, Christine resta sur le plateau pour voir la suite des répétitions tandis que je suivais Mika jusqu’aux loges.
Comme je ne voulais pas déranger le groupe qui occupait la pièce d’à côté, je demandai si je pouvais jouer ailleurs et on m’indiqua une grande salle presque entièrement vide, occupée uniquement par deux grands canapés noirs. Je m’escrimai un bon moment sur ma chanson, ne parvenant toujours pas à la jouer à la perfection. Aussi, en désespoir de cause, posai-je ma guitare et m’allongeai-je sur l’un des canapés. Mais cette fourniture de salon était trop courte et mes jambes dépassaient, l’accoudoir me sciant les mollets. Qui plus est, il y avait un bâtiment en vis-à-vis et un mec fumait sa clope en me regardant, ce qui me déconcentrait un peu. Je retournai donc dans ma loge et me réussissait, à m’endormir dans le fauteuil en osier. Je rêvai de publics enthousiastes, de prestations brillantes et d’interviews durant lesquelles je me montrais extrêmement spirituel.
C’est un léger tapotis sur la porte qui me réveilla.
- C’est ouvert », fis-je, la voix pâteuse. Christine passa la tête par la porte et me demanda si j’étais réveillé.
- Ouais, ouais, carrément. » fis-je « Je répétais. »
Elle jeta un regard qui en disait long sur la guitare qui était rangée dans son étui.
- La voix. Je m’entraînais la voix », tentai-je piteusement de me justifier. Gentiment, ma manageuse changea de sujet de conversation.
- Le catering est ouvert.
- Le quoi ?
- Le catering. » Christine attendit un moment que deux neurones veuillent bien se connecter dans mon cerveau, mais voyant que ça tardait à venir, réduisit l’information à sa plus simple expression. « Le déjeuner. On peut manger. »
- Ah ! la bouffe ! » dis-je pour montrer que, ce coup là, j’avais bien saisi.
- Voilà, la bouffe.
Cinq minutes plus tard, on arrivait dans le réfectoire. Et force était de constater qu’il y avait de quoi faire. Malheureusement, stress et gastronomie ne font apparemment pas bon ménage : aussi me contentai-je de placer dans mon assiette quelques crudités et un peu de riz cantonais que je picorais ensuite comme une adolescente en plein chagrin d’amour.
- C’est pas Chris Isaak ?
Christine me tira de la torpeur dans laquelle j’étais plongé.
- Où ça ! Où ça ! », fis-je comme un chasseur auquel on vient de signifier la présence dans les environs d’un couple de grives à calotte rousse.
- Ce n’est pas lui, là ?
Au début je ne parvenais pas à faire coller le concept de Chris Isaak avec cette personne qui portait un jean, des baskets et un sweat à capuche. Mais bon, la coupe de cheveux et le bronzage californien ne laissaient guère de place au doute. On ne fit qu’entrapercevoir son visage vu qu’il s’installa dos à nous.
- Il a pas vieilli », fis-je.
- Oui, en même temps, on ne voit que sa nuque », fit remarquer Christine.
- Bah je trouve qu’il a pas vieilli de la nuque.

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