lundi 23 janvier 2012

Taratata Now ! ou Au coeur de Taratata : Episode premier

(Ne m'en voulez pas, mais nous allons procéder à un fastforward un peu brutal et quitter le studio de Jean-Paul pour nous propulser à la semaine dernière où quelque chose d'assez spécial m'est arrivé)


Bon, ça y est, je peux dire que j’ai fait Taratata. Un peu comme si j’avais fait le Vietnam. Le ‘nam pour les intimes. Petit déroulé des opérations.
Christine, ma manageuse, m’appelle mardi soir dernier :
- J’ai une bonne nouvelle.
Vu le ton de sa voix, l’info avait effectivement l’air d’être de qualité supérieure.
- Tu as été sélectionné pour jouer une chanson dans le cadre des découvertes de Taratata.
J’ai dû émettre un drôle de bruit, à mi-chemin entre la joie et l’effroi, quelque chose comme « yeurki ! ». J’étais en effet à la fois super content (des milliers de personnes voire plus allaient enfin remarquer mon exceptionnelle télégénie et s’ébaubir devant l’étendue de mon talent) et ravagé par ce que je ne saurai qualifier autrement que comme un état de profonde détresse intestinale.
- C’est super ! », développai-je quand le goût métallique de la peur commença à disparaître sur mon palais. Je m’enquis presto des conditions de mon passage.
- Nagui a choisi « To die at 27 ». Tu ne dois pas jouer plus de 2min30.
« To die at 27 ». En 2min30. OK. Même si ce choix révélait la valeur du jugement artistique de l’hôte de ces lieux, il posait quand même un certain nombre de problème :
1) La chanson était blindée d’arrangements que j’allais avoir du mal à restituer tout seul à la guitare.
2) Elle durait 4min30 dans la version d’origine. C’était un peu mon paranoid android à moi. Du coup, j’allais devoir la raboter de moitié. A part enlever les consonnes, je ne voyais pas trop comment j’allais faire.
3) Je n’avais pas joué ce p****n de morceau depuis son enregistrement il y a quasiment deux ans.
Je tentai de négocier : n’y avait-il pas la moindre possibilité de changer de chansons? Y en avait d’autres des biens ! « Electroshit », « A la maison », même une reprise d’ « On va faire tourner les serviettes » que ne savais-je !!! Je me vis opposer cette réponse qui, bien qu’énoncée par Christine, semblait édictée par le destin lui-même : « C’est Nagui qui a choisi, on ne discute pas. ».
Je raccrochai le téléphone en tremblotant, puis me dirigeai tel un figurant de Resident Evil vers l’aile ouest de notre appartement (la chambre quoi) et me saisis de ma guitare. La voir me remit du baume au cœur. Je venais de la recevoir en cadeau à Noël, ma copine, mon frère et mes parents ayant pété leur PEL pour pouvoir me l’offrir. Une Gibson J45 que j’appelais Excalibur. Magnifique, une preuve de l’existence de Dieu ou tout du moins de celle de luthiers extrêmement compétents. Je commençai à m’exercer sur la chanson dont j’avais au préalable imprimé les paroles. Etonnamment, je la jouais sans commettre aucune faute. J’étais un peu rassuré. Je me dis alors « On la refait mais condition tournage », du genre j’imagine deux cent cinquante personnes chauffées à bloc par des projecteurs de milliers de watts et des heures d’attente me regardant d’un œil mauvais du genre « Qui c’est ce mec qui retarde de deux minutes trente le passage de … (prière d’insérer le nom de votre artiste préféré) ». Bon et bien, dans ces conditions psychologiques artificielles, je ravageais le morceau, me plantant dans les paroles, m’interrompant à plusieurs reprises et tentant même une vibe totalement inappropriée à la fin de la chanson qui me faisait passer pour le fils caché de Lâam et d’Yves Duteil.
Je reposai la guitare au bout de quatre essais : mes interprétations s’étaient peu à peu améliorées mais force était de constater que je ne pouvais pas la jouer dans son intégralité sans commettre la moindre erreur. Doué d’une faculté sous-estimée par mon entourage, celle de remettre à demain ce que je peux éviter de faire le jour même, je reposai la guitare en me disant que la nuit m’apporterait talent.
Le lendemain, à peine rentré du boulot, je coupai la chanson à la hache (plus d’intro, plus de fin et un couplet en moins) et parvins à obtenir une version de deux minutes trente. Bon ça sonnait pas si mal que ça tout compte fait. Mais cette chanson semblait maudite : invariablement je commettais au moins une faute. Oh pas forcément une grosse, mais ça n’était quand même pas rassurant de ne pas être foutu d’interpréter la chose tout seul dans la quiétude de ma chambre quand le lendemain j’allais enregistrer « dans les conditions du live » dans un programme qui serait diffusé devant des centaines de milliers de personnes. « Bon on verra demain », me dis-je.
Christine m’avait donné rendez-vous à Porte de la Chapelle à 9h10 pétante, sachant qu’on devait être sur les lieux du tournage à 9h30. Comme d’ordinaire, je pris un peu de marge et me réveillai à 6h.

3 commentaires:

  1. Bah elle est en ligne la suite! Si tu veux parler de la suite de la suite, faudra attendre demain, i'm currently working on it

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