jeudi 26 janvier 2012

Taratata 4: Zombies in a Blue hotel

Léo nous fit entrer dans SA loge et nous présenta son crew : Jessy le batteur, Sylvain le bassiste et Mamad, le rappeur. Nous étions en train de nous adonner à un franc serrage de pognes lorsque Mika battit le rappel des troupes.
Nous ressortîmes donc de la piscine pour regagner le bâtiment principal en repassant par les cases crachin et vigiles. Avant de nous rendre sur le plateau, nous défilâmes devant la loge des artistes établis. Le souffle coupé, je fus contraint de m’arrêter.
- Y a Chris Isaak ?
- Oui, me répondit Christine. Je ne t’ai pas donné le déroulé de l’émission ? Il fait un duo avec Emilie Simon.
- Chris et Emilie ?, fis-je étonné. » J’avais le droit d’appeler les stars par leur prénom, j’avais une pancarte plastifiée sur la porte de ma loge. « Ils chantent quelle chanson ? »
- Blue hotel.
Blue mother fuckin hotel on a motherfuckin’ lonely highway ! J’adorais cette chanson. Bon d’accord, tout le monde adore cette chanson mais enfin quand même : passer juste après ! Ça me mettait une sacrée pression. J’avais beau aimer ma chanson (je suis généralement fan de moi), c’était quand même « Blue hotel » quoi.
Je me retournai vers Léo et lui demandai après qui il passait. Il m’adressa un regard noir et pointa du doigt une porte sur laquelle était inscrit « The Cranberries ».
- Putain ! Ils sont encore vivants eux ?
- Apparemment.
- « What’s in your head/In your head/ Zombie », commençai-je à fredonner sans penser à mal mais devant la tête que fit Léo je compris qu’il valait mieux que je m’arrête.
Mika poussa une porte qui débouchait sur un escalier aux marches en fer assez impressionnant. D’en haut on apercevait déjà le plateau, enfin la moitié vu qu’un grand rideau en cachait l’autre. Je sentis mon estomac se nouer : on n’avait pas affaire au studio d’une émission de Direct 8. Là, c’était the real thing. Partout des caisses sur roulettes, des câbles, des projecteurs, des instruments, des gens qui bougeaient dans tous les sens. La tête me tournait un peu. Je ne sais pas si vous avez regardé l’émission récemment mais le plateau a changé depuis quelque temps. Maintenant il y a un grand escalier au fond et les découvertes jouent en haut. Bref, j’eus soudain l’impression d’être au pied d’un temple maya sur l’hôtel duquel j’allais être sacrifié en l’honneur d’un dieu particulièrement cruel.
- C’est qui Folks ?
Une dame avec un casque réunissant oreillette et micro s’était approchée de nous.
- Euh c’est moi », fis-je tel un caniche un peu craintif qui aurait été doué de parole.
- Ok, salut. Tu vas faire la balance en premier vu que tu passes en dernier.
Si la logique de cette remarque m’échappait, je comprenais néanmoins qu’il ne s’agissait pas d’une bonne nouvelle. J’aurais préféré passer le plus tôt possible, rentrer chez moi, me mater un épisode de Thalassa sur France 3 Replay et aller me coucher en écoutant Rammstein pour me détendre. Mais non, je passais en dernier.
- Ça veut dire vers quelle heure à peu près ? » osai-je demander.
- Je sais pas, vers 23h15/23h30…
Ok. Petit calcul : 23h15 -10h ça nous donnait du 13h 15. 13h15 à tourner en rond comme un hamster dans sa cage. Ça sentait l’ulcère. Mais bon, je n’allais quand même pas me plaindre, c’était une sacrée chance et j’étais bien décidé à ne pas la laisser passer. Eye of the tiger style.
C’est aussi d’un pas franc que j’abordais l’ascension des marches de l’escalier aztèque. Une fois arrivé en haut, je me retournai, embrassai du regard la totalité du studio et sentis ma volonté défaillir. Ça n’allait pas le faire putain, c’était trop grand !
- Y a combien de personnes dans le public ? », demandai-je à un technicien qui très aimablement m’apportait un tabouret de bar pour que je puisse poser mon fessier d’amateur dessus.
- 250 environ.
25 fois mon public habituel quoi. Une progression un peu brutale. Il était clair que je n’étais plus à la MJC Pierre Bachelet de Chaville. En plus, généralement, lors de mes concerts je pouvais quasiment faire l’appel, vu qu’il y avait principalement mes potes. Les seuls visages familiers dans cette foule hostile seraient ceux de Christine et de Léo.
Je m’installai sur le tabouret et là je dois faire une mise au point. Je déteste jouer sur un tabouret de bar. Déjà dans une salle normale ça me fait flipper parce que j’ai toujours l’impression que je vais me viander mais là il fallait rajouter le dénivelé cliffhangerien de l’escalier. Aussi, lorsque le technicien me demanda si j’étais à l’aise je lui répondis « Je pourrais pas avoir une chaise normale ? » Très gentiment, il me proposa un siège de batterie, je lui répondis banco.

4 commentaires:

  1. ça fout les chpètes...
    en haut des escaliers aztèques, on trouve toujours la même chose: des mecs chelous avec des fruits dans les oreilles et des plumes dans le cul, super vénères et bien décidés à se faire un bon sacrifice humain...
    PS: Chris Isaak, il a une actualité, ou c'est Lana Del Rey qui l'a ressuscité?

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  2. Ouais, les escaliers aztèques sont de drôles d'endroits. Chris sort un disque de reprise je crois. Lana qui?

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  3. appeler les stars par leur prénom ... juste la classe

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