vendredi 27 janvier 2012

Taratata 5 : Des zicos qui envoient du bois

Ainsi installé, un autre mec prit ma guitare (je vous ai déjà parlé d’Excalibur ? Ah bon) et l’accorda à l’oreille. Il me la rendit et, sceptique, je vérifiai l’accordage. Bah il était parfait. J’étais un peu dégoûté parce que moi, même avec l’assistance technologique d’un accordeur, je n’arrive parfois pas à mes fins. On me demanda de jouer un peu de guitare, puis de chanter, puis de faire les deux ensemble, ce que dans ma grande mansuétude je consentis à faire.
- Bon, tu vas jouer ta chanson », me dit la dame au casque. « Je compte jusqu’à trois et tu démarres. »
Elle ne mentit pas, compta jusqu’à trois et je mis au boulot. Deux minutes trente plus tard, la dame me dit que c’était parfait. Elle ajouta que pendant l’émission elle ne serait pas là pour compter.
- Alors dès que Nagui a fini de te présenter et que les gens commencent à applaudir, tu pars. T’attends pas que les applaudissements s’arrêtent parce que ça peut durer une plombe. T’as compris ?
- Je crois, oui.
- Applaudissements, tu pars. Ok ?
- Ok.
- Ok. Bah si c’est bon pour toi, c’est bon pour nous.
Je redescendis les marches du destin et allai m’asseoir à côté de Christine et de Léo pour voir les balances des autres « découvertes ». D’ailleurs ce mot, « découvertes », était un peu trompeur me concernant vu que je n’étais pas de toute première fraîcheur. J’approchais dangereusement des rivages de la vieillesse : bientôt ce serait le grand saut, le grand inconnu, la nuit totale, la rencontre avec l’implacable faucheuse, je franchirai l’Achéron pour rejoindre l’Hadès sur le zodiaque de Charon… Bref, j’avais 31 ans. Le second groupe passa et c’était bien.
- Mama’s Mule ? C’est qui Mama’s Mule ?
Léo se leva en ne trahissant aucun signe de fébrilité. C’est aussi avec une assurance désarmante qu’il répondit « C’est nous ». Accompagné de son groupe, il grimpa les marches de l’escalier et commença à s’installer. Bon, ça mit un peu plus de temps qu’avec moi vu qu’ils étaient quatre mais au bout d’un moment ils furent en état de marche et après avoir compté jusqu’à trois, ils commencèrent à jouer. Au milieu de la chanson, je me tournai vers Christine :
- Ils assurent bien hein ?
- Oui, vraiment.
Ça groovait même un max aurait-pu dire le doubleur français d’Eddy Murphy. Et les zicos envoyaient du bois comme l’aurait écrit un internaute sur le forum de Zikinf. Le rappeur avait un sacré flow et la section rythmique était ajustée au millimètre. Quant à Léo, il pianotait avec dextérité comme s’il était en jogging dans son salon, se permettant même quelques petites figures, genre passement de bras.
Finalement, le Mama’s mule posse redescendit et Léo me demanda comment j’avais trouvé leur prestation. Je pris un air détaché et répondit « Ouais, c’était pas mal ». En fait j’étais dégoûté : tout seul avec guitare, j’allais pas vraiment faire le poids. J’avais un gros déficit au niveau du groove.

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