dimanche 25 septembre 2011

Le premier concert (part 1)

Mon premier concert ? Le 21 juin 1996. J’avais 16 ans, trop jeune pour mourir ou pour jouer sur le parking du tennis municipal de Chaville un jour de fête de la musique. Quand j’arrivai sur les lieux, j’y retrouvai mes collègues : David le guitariste rythmique aux ascendances siciliennes, le bassiste, dont j’ai oublié le nom (le bassiste quoi) et Michael, le batteur le plus dénué de sens du rythme qu’il m’a été donné de croiser au cours de vingt années de pratique intensive de la musique. Bon, jouer sur une installation sportive pourquoi pas ? Queen à Wembley, les Beatles au Shea Stadium… et maintenant Réticulum au club Alexis Maneyrol. Réticulum. Ouais, Réticulum. Bon à la base c’était l’idée du bassiste qui était en première S. On cherchait un nom très con et il a proposé « réticulum endoplasmique », un terme tiré de ses cours de biologie qui, selon Wikipedia, désigne « un organite présent dans les cellules eucaryotes ». Ne me demandez pas. Bref, je ne sais pas vraiment ce qui nous a pris mais on trouva ça génial et c’est le nom qu’on donna à la mairie, responsable de l’organisation. J’avais complètement oublié cette histoire de nom lorsque deux semaines avant le concert, un gars m’appela. Il m’expliqua qu’il était chargé de concevoir une affiche pour promouvoir l’événement et qu’il avait beau tourner la chose dans tous les sens, bah « Réticulum endoplasmique », ça rentrait pas. Bon plutôt qu’expliquer à ce champion la notion de police de caractères, j’adhérai à sa proposition de supprimer l’un des deux mots.
-Parfait. J’enlève « endoplasmique » alors ?
-Euh… ouais.
On s’est donc retrouvé avec « Réticulum » qui ressemblait plutôt au nom d’une crème apaisante pour les hémorroïdes qu’à celui d’un groupe de rock prometteur.
Pour moi, jouer au tennis club de Chaville c’était un peu revenir sur les lieux du crime. En effet, avant d’être le leader charismatique de « Réticulum », j’avais été l’un des espoirs communaux du tennis chavillois. Seulement on m’avait offert une guitare et comme jouer de la musique m’amusait beaucoup plus que de cracher mes poumons en hiver sur des terrains sous-éclairés, j’avais abandonné la pratique du sport de raquette. Ce que mon entraineur, que nous appellerons Christophe, interpréta comme une véritable trahison, un véritable coup de laguiole dans le dos.
C’est aussi avec une certaine fébrilité que je débarquai sur place le jour dit, un peu craintif à l’idée de croiser celui qui avait fait office de véritable maître à pensée durant des années (je me réveille encore parfois la nuit en sueur en entendant sa voix résonner : « Fléchis tes jambes Gauer ! »).
On fit la balance. La première de ma courte existence. Franchement la mairie ne s’était pas foutue de notre gueule, on avait à notre disposition une scène digne de ce nom avec un petit escalier en fer sur le côté. Lorsque l’ingé son me proposa de tester le son de guitare, je me lançai dans une tentative de solo relativement pathétique qui avait pour unique but d’impressionner les deux trois curieux qui nous regardaient l’air… curieux.
-Joue un truc que tu maîtrises, plutôt.
Il n’avait pas dit cela méchamment mais c’est en le maudissant, réellement humilié, que je claquai les trois accords qui constituaient l’intégralité de notre plus célèbre chanson, « In the arms of morpheus ». Puis ce fut au tour du bassiste, puis de David, et enfin de Michael. Pour conclure, l’ingé nous proposa de jouer un morceau en entier. Nous nous exécutâmes, nous lançant dans une version débridée et totalement arythmique (merci Michael) de « Give it away » des Red Hot Chili Peppers.
A la fin, j’eus l’occasion d’utiliser l’une des expressions qui m’avaient toujours fait rêver : je regardai l’ingé l’air concerné et je lui dis « Je pourrais avoir plus de retour ? »
-Tu veux quoi dans le retour ?
C’est à ce moment que je vis Christophe observant, ironique, la scène depuis l’autre bout du parking.

(to be continued)

1 commentaire:

  1. hehe.. J'y etais! Enfin juste a la balance.. Parce qu'apres j'etais alle apprecier la "Grande Musique".. a Saint-Michel devant le Mac-do!

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