mardi 6 décembre 2011

Omar Sharif Vs Freddy Mercury

Six mois s’écoulèrent. Nous abordions aux rivages de l’été lorsque Baptiste revint.
-Tiens c’est pour toi », me dit-il en me tendant une flute bordeaux sur lequel étaient gravés des motifs que je subodorais aztèques. Ca me toucha beaucoup : comme disait le moustachu, « ce n’était rien qu’un bout de bois » mais bon, dans mon cœur il faisait froid. Il ne rapporta pas uniquement des instruments à vent du pays des Mayas. Dans ses bagages, il avait également ramené Adrien, le fameux pote péruvien qui habitait dans le cinquième. Baptiste nous parla de son ami peu après être rentré, alors qu’on se morfondait en se disant qu’on aimerait bien recruter un second guitariste, capable aussi d’assurer des chœurs.
-Faudrait que vous le rencontriez », nous dit-il « Il joue vachement bien.
-Ah ouais ?
-Ouais.
-Et il chante aussi ? » c’était important pour nous.
-Euh…ouais ouais, il chante.
La première fois qu’on le rencontra c’était lors d’un concert que nous donnâmes aux Caves Le Chapelais dans le cadre d’un festival de quartier où nous avait programmés une amie.
-Bon normalement, c’est plutôt un endroit pour des soirées goth » nous avait-elle prévenus.
Dans ma tête peuplée de multiples voix, j’avais un peu mélangé goth et sado-maso, allez savoir pourquoi. Du coup, je fus un peu déçu dans mes attentes lorsque je constatai en arrivant sur place que les habitués ne se promenaient pas en laisse les uns les autres avec une boule dans la bouche. Pas une seule poulie, pas l’ombre d’un crochet de boucher, non une simple cave assez spacieuse avec une scène dans le fond. Le concert se passa plutôt bien, le public étant plus nourri que d’habitude. Seule ombre au tableau : le Vjay. On m’avait expliqué un peu avant de jouer ce que c’était : un mec qui allait passer des images censées être en accord avec notre musique pendant le concert. Bon aucune idée des motivations profondes du gars en question, mais toujours est-il qu’il passa en boucle des images de chevaux en pleine course, visiblement tirées du tiercé de France 2. J’allais le voir à la fin pour tenter d’obtenir une explication.
-Bah on m’avait dit que vos morceaux avaient un côté hippique.
-« Hippique » ?
-Bah ouais, tiens c’est Jérôme qui m’a dit ça : Jérôme viens là deux secondes…
Jérôme voulait visiblement avoir l’air pressé et nous le fit bien comprendre en refusant de s’arrêter dans sa course, préférant se contenter d’un simple ralentissement.
-Ouais quoi ? », dit-il en passant près de nous.
-Pas vrai que tu m’as dit que leur musique avait un côté hippique ? Nan ?
Là le Jérôme s’arrêta, vraisemblablement décontenancé.
-« Epique » mec, c’est « épique » que j’ai dit.
Silence.
-Ah merde. « Epique ». Putain j’avais compris « hippique ».
Tout s’expliquait. Le Vjay avait été livré sans disque dur. Soit dit en passant, je ne voyais pas trop ce que notre musique avait d’épique : pour moi épique c’est la chevauchée des walkyries, Freddie Mercury en train de chanter que le spectacle doit continuer, mais pas moi fredonnant de ma voix de fausset que, ouh ! c’est chaud ! je me rapproche du soleil.

3 commentaires:

  1. On lâche les poneys!!!
    Encore merci, c'est très bon...

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  2. Merci! j'étais pas totalement sûr de ma blague équestre! Me voilà rassuré.

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  3. Hum, blague équestre... sous-entendrais-tu par là que tout n'est pas 100% vécu dans tes récits ? On nous aurait menti ? :p

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