jeudi 8 décembre 2011

Mark knopfler is back, he's angry, he wants his revenge!

L’autre événement de la soirée fut donc la prise de contact avec Adrien. C’est complètement con mais moi je l’associais dans ma tête au Pérou et je m’étais presque attendu à ce qu’il porte un gros bonnet en poil de lama et se trimballe toujours avec une flute de pan à jouer El condor pasa. Bah pas du tout en fait, il était habillé comme moi. Ok, un peu mieux. Au début, je ne savais pas trop quoi penser de lui vu qu’il était assez laconique.
-Salut !
-‘lut.
-Adrien, c’est ça ?
-Ouais.
-François. T’étais au Pérou alors ?
-Ouais. »
Bon visiblement, il n’était pas disposé à me montrer des diapos de l’endroit, aussi allai-je droit au but.
-Et alors tu joues de la guitare ?
-Ouais. » Putain, si j’avais eu un secret je l’aurais confié à ce mec. Je commençai à me demander s’il était bloqué sur repeat lorsqu’il développa : « Electrique. De la guitare électrique.
-C’est cool ça ! Baptiste m’a dit que tu chantais aussi » dis-je en me tournant vers notre connaissance commune qui assistait à la conversation. Adrien aussi le regarda l’air étonne, puis répondit en baissant légèrement les yeux :
-ouais, euh, un peu quoi…
-Parfait ! Peut-être qu’on pourrait essayer de répéter ensemble genre la semaine prochaine.
-Ouais » fit-il avec un enthousiasme proche de celui d’un éboueur à l’idée d’une nouvelle journée de travail. Je m’apprêtais à me retirer de ce groupe de parole pour en rejoindre un autre où je n’aurais pas l’impression d’être un agent de la gestapo lors d’un interrogatoire quand Adrien, à ma grande surprise, manifesta l’intention d’ajouter quelques mots.
-Par contre, j’en ai pas.
-T’en as pas ? Merde c’est con ça. Et de quoi dont ?
-Bah de guitare électrique.
Ok. J’étais donc en présence d’un guitariste électrique sans guitare électrique. Heureusement pour lui, j’avais ce qu’il lui fallait : une telecaster noire et blanche ramenée à mes risques et périls de New York. Invité à passé une dizaine de jour dans la grosse golden par mon amie Armelle qui y faisait son stage de fin d’étude, je m’étais rendu vers la fin de mon séjour chez Manny’s, un magasin de guitare situé entre la 6ème et la 7ème avenue à Manhattan. Accrochées au moindre centimètre de mur de la boutiques, des photos autographiées de toutes les stars passées s’approvisionner au magasin, de Jimi Hendrix à John Lennon en passant par Keith Richards, Kurt Cobain et…mais oui…Mark Knopfler. J’avais les yeux plein d’étoiles quand un vendeur m’avisa.
-Lookin’ for a guitar ? » Putain ce mec était fort. Comment avait-il bien pu deviner cela ?
-Yes », fis-je avec idiomatisme. Je tentai de construire une phrase correcte mais incapable d’obtenir de sa part le moindre signe de compréhension de la part de l’autochtone je me bornai à répéter en boucle « Telecaster, Telecaster, Telecaster », un peu comme Dustin Hoffman dans Rainman marmonnant « 82, 82, 82 » devant les cure-dents tombés sur le sol du resto. J’étais en effet venu à New York avec la ferme intention d’en repartir muni d’une telecaster noire et blanche comme celle utilisée en concert par Frank Black. Au bout d’un moment il s’exclama d’une manière un peu irritante « Ah yeah !!! a TELECASTER !!! » comme s’il venait de comprendre une bonne blague. Il me fit signe de le suivre, puis de m’asseoir sur un petit tabouret et me mis une Telecaster dans les mains. Elle était rouge.

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