lundi 13 février 2012

Sherlock Heaulme : Mi privé, mi tueur en série

Bon. Il s'est passé plein de trucs depuis quelques semaines. Ok il s'est passé un seul truc en réalité(mes débuts sur les ondes hertziennes) et j'ai pas mal brodé autour. Cela ne doit cependant pas nous faire perdre le fil de la merveilleuse saga entamée il y a quelques mois. Pour vous remettre à la page, vous pouvez relire le dernier épisode pré-taratata ici
Pour ceux qui auraient la flemme, souvenez-vous, Folks s'apprête à enregistrer son premier EP chez Jean-Paul, fan de Bernard Lavilliers et heureux possesseur de la guitare de Richard Gotainer. Laissez-vous emporter...


Vu le ton sur lequel cette mise au point était formulée, Adrien comprit qu’il était en train de s’aventurer en territoire ennemi. Aussi se fendit-il d’un « belle chanson en tout cas » qui sembla rasséréner notre hôte.
Bon, pour résumer, Jean-Paul n’était pas fan de la scène de Seattle et aimait la musique qui fait rire avec de véritables morceaux de jeux de mots à l’intérieur. Ca allait être une véritable gageure de bosser avec lui.
-Bon écoutons ce qu’on a là », dit-il en insérant le cd des Pixies dans son lecteur. Dès les premières mesures de batterie, il fit la grimace et baissa le volume. Quand la basse entra, son visage laissa transparaître la perplexité, puis lorsque la guitare de Joey Santiago fit son apparition, on comprit que la greffe du rock indé bostonien allait avoir du mal à prendre sur un terreau labouré par quarante ans d’écoute de variété française.
-Vous voulez un son comme ça ? » demanda-t-il dubitatif.
-Ah bah ça serait génial, ouais.
-Mais…c’est pas…
-C’est pas quoi ?
-C’est pas propre !
Véridique. « C’est pas propre ». On était tombé sur le Canard WC de la production. Bon au moins, Jean-Paul était de bonne volonté et nous fit savoir que, même s’il ne comprenait pas réellement nos motivations, il ferait ce qu’il pouvait pour nous permettre d’atteindre un résultat proche de nos attentes.
Le disque de Swell était en train de le plonger dans un état cataplectique lorsqu’on entendit la sonnette résonner dans l’entrée. Comme un chien s’ébrouant au sortir de l’eau, Jean-Paul secoua la tête.
-Ca doit être Francis », dit-il avec un peu d’espoir dans la voix, comme si le vent de la normalité allait enfin souffler dans le studio. Jean-Paul s’esquiva de la pièce et revint quelques instants plus tard en compagnie d’un quinquagénaire tout blanc qui portait un jean délavé et un haut de jogging Le coq sportif.
-M’sieur, dames », fit-il avec jovialité en nous voyant.
-Francis est venu pour m’aider à placer les micros autour de la batterie. On a bossé ensemble sur « on the road ».
Là, je commençai à être sceptique : fallait être deux pour ça ? Jean-Paul dût s’apercevoir de mon étonnement car il se sentit obligé de se justifier : il s’était flingué le dos quelques jours auparavant en jouant au badminton et il avait du mal à se baisser. D’où Francis. Je ne sais pas si les gens finissent par ressembler à leur nom comme ils en viennent à ressembler à leur chien au début des 101 dalmatiens, mais ce qui est sûr, ce que, selon moi, Francis avait vraiment une tête de Francis. Et à bien le regarder je finis par me dire qu’on pouvait même être plus spécifique, sans savoir vraiment ce que je voulais dire par là. Puis ça me tomba sur le coin de la gueule sans prévenir : ce mec ressemblait comme deux gouttes d’eau à Francis Heaulme ! C’était assez flippant : les joues creuses, les lunettes, l’aspect grisâtre de la peau…Francis choisit le moment où ces similarités me sautèrent au visage pour m’adresser un sourire où manquaient plusieurs dents. Un frisson me parcourut l’échine.
-Bon on va installer la batterie. Tu viens Francis ?
-Putain vous avez remarqué ? », fis-je aux autres une fois que les deux furent hors de portée de voix.
-Carrément » fit Baptiste. « C’est flippant.
-Qu’est-ce qu’est flippant ? » demanda Rodolphe. Visiblement, ni lui ni Adrien n’avait remarqué quoi que ce soit.
-Bah le jogging quoi ! Le coq sportif ! Sérieux !

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