vendredi 3 février 2012

Taratata dernière : "Ok Obiwan"

Je n’étais pas attendu sur le plateau avant 22h. Je retournai donc à ma loge, tentai de lire quelques pages de « Guerre et paix » (bon ok, du « Fléau » de Stephen King) et n’y parvenant pas, j’allumai la télé qui diffusait les images du plateau. L’émission commença. Effectivement, après les Cranberries, il y eut Mama’s Mule, et ils assurèrent autant qu’en répète. On m’avait expliqué que l’émission était enregistrée dans les conditions du live : s’agissait pas de se planter, sinon la belle machine hoquetait, s’arrêtait et pour la faire repartir, c’était toute une organisation. J’avais demandé si ça produisait souvent. « Rarement », m’avait répondu le technicien en me jetant un regard soupçonneux, comme si je lui avais fait part de mon intention de faire basculer l’émission dans le chaos. C’est moche, mais en regardant la télé, je priai pour qu’un batteur oublie de démarrer ou qu’un chanteur se trompe dans les paroles. Ça aurait créé un précédent et je me serais senti moins seul si moi aussi je me plantais. Mais non, le suprême barbu en avait voulu autrement.
Avant de partir rejoindre le plateau, une drôle d’idée me prit, celle de me moucher. Je m’exécutai, puis me dirigeai vers la glace pour checker une dernière fois que j’étais au top niveau charisme. C’est là que je remarquai que mon nez était tout blanc par rapport au reste de mon visage : j’avais enlevé tout le fond de teint en me mouchant !
« Non, non, non » murmurai-je en boucle comme si on venait de m’annoncer que mes parents, bah ce n’était pas vraiment mes parents. Je ressortis le mouchoir de ma poche : effectivement, il y avait plein de poudre beigeasse dessus. Avec délicatesse, je me retamponnai le nez puis me regardai dans la glace : j’avais toujours le teint de Julio Iglesias qui aurait passé huit heures sur la plage en plein cagnard avec un cache-nez mais il me semblait que c’était moins flagrant. Je regardai ma montre : 22h05. Bon, de toute manière, je n’avais plus le temps de réfléchir, il fallait que j’y aille.
Quand j’entrai dans le hall du bâtiment principal, ça grouillait de monde. Des gars des labels, des attachés de presse, plein de gens qui parlaient assez fort. Je retrouvai Christine qui me dit qu’on avait encore une bonne demi-heure avant de se rendre dans les coulisses. Ne sachant pas trop où me mettre, je me contentai de rester debout, à regarder le grand écran qui diffusait l’émission. Le chanteur Oldelaf commença à chanter et vu que son morceau était plutôt drôle, je me mis à rigoler. C’est alors que deux mecs surgirent, montèrent d’autorité le son et se placèrent entre moi et l’écran, l’air de dire « Toi, nous nions ton existence ». J’entendis quelqu’un murmurer à côté de moi « C’est leur artiste » comme si 1) Oldelaf était une SARL et qu’ils en possédaient des parts 2) Cela justifiait un comportement nous rappelant que l’homme descend parfois directement du porc. Sentant monter dangereusement l’envie de buter du Directeur Artistique, j’allais poser une fesse sur un canapé et comptait mes dents avec ma langue en tentant de me calmer.
- On va y aller », fit Flavien, chargé des découvertes chez Taratata, quelques minutes après.
On repassa devant les loges puis on poussa la porte qui menait au studio. Le plateau brillait au milieu des ténèbres obscures et noires. Arrivé au pied de l’escalier, Flavien m’indiqua la route à suivre et on alla se mettre non loin des escaliers péruviens, derrière les spectateurs.
- Y a le duo Chris Isaak et Emilie Simon, ensuite, petite interview et après c’est à toi.
- Ok.
- T’iras t’installer pendant l’interview.
- Ok. » J’étais décidément en verve.
On regarda le duo sur une télé qui était installée là. J’avoue que je n’ai pas vraiment profité de Blue Hotel, trop occupé à respirer par petits coups secs pour me calmer, sous grosse influence Jacques Mayol.
- C’est à toi.
Effectivement, l’interview avait commencé. Bon, je monte les escaliers et je m’installe sur mon tabouret de batterie. Le technicien à l’oreille surdimensionnée m’apporte ma guitare accordée et j’attends. L’interview se termine, clap clap clap. Puis Nagui me présente. Là j’ai un vieux flashback : je vois la dame du matin qui, tel le fantôme d’Obiwan Kenobi s’adressant à Luke Skywalker, me dit « Quand Nagui t’a annoncé et que les gens commencent à applaudir, tu pars direct : tu n’attends surtout pas ».
- Ok Obiwan » murmurai-je et je me tins aux aguets. La paire de paume d’un spectateur surmotivé n’avait même pas fini de résonner que je dégainai la première note. C’est alors que l’incroyable arriva.

Pour connaître la suite, branchez-vous (on se branche sur une télé ? je ne sais), vendredi 10 février (pas celui-là mais l’autre) sur France 2 à 23h30 (je passe en avant dernier avant les Ting Tings).

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