mercredi 14 décembre 2011

Lorenzo Lamas: le rebelle entre en action

Ouais ? » fit le gars de l’accueil, un téléphone calé entre l’épaule et l’oreille.
-Euh…moi ? Euh…c’est pour un studio…
-Ouais, jme doute bien que c’est pas pour une grande frite et un coca » On sentait que celle-là, elle lui avait servi plus d’une fois. « Nom ?
-Mon nom ? euh Folks…enfin le nom du groupe c’est Folks.
-Original », commenta-t-il en tapotant sur le clavier de son ordinateur. « Studio C, au fond du couloir sur la gauche. Les mecs d’avant vont sortir dans cinq minutes.
J’éprouvais une furieuse envie de ne pas dire merci car je suis complètement dingo, mais mon éducation prit le dessus. Bien sûr, il ne répondit pas et c’est légèrement courroucé que je me rendis devant la porte du studio C.
Le tiercé dans l’ordre : Rodolphe, Baptiste et bon dernier Adrien. Résultat, on attendait comme des cons tous les quatre que les mecs occupant le studio daignent obtempérer au signal rouge qui clignotait dans le studio indiquant que la répétition était terminée.
-Putain mais qu’est-ce qu’ils foutent ? » Je trouvai l’interrogation de Rodolphe tout à fait légitime et visiblement Baptiste également puisqu’il s’avança et donna un grand coup de pompe dans la porte.
-Putain t’es un rebelle ! », fis-je. « Lorenzo Lamas style quoi !
-Hein ?
-Lorenzo Lamas quoi ! Le rebelle ! Tu connais pas la série ?
Il s’apprêtait à m’indiquer que nous n’avions visiblement pas les mêmes occupations en périodes extrascolaires lorsque la porte du studio C s’ouvrit, découvrant à nos yeux indifférents deux mecs qui ne devaient pas avoir plus de vingt ans. L’un portait un étui de guitare, l’autre des baguettes de batterie, et tous deux étaient visiblement essoufflés avec des taches rouges sur les joues, genre je viens de faire un biathlon par moins quinze.
-Excusez-nous pour le retard », dit l’un d’entre eux. « On a pas vu le signal.
Mon cul : lorsque le voyant s’allumait, on avait l’impression d’être dans un film d’action au moment où la base sous-marine s’apprête à exploser. Pas moyen de le rater quoi. Seulement, ces mecs avaient l’air un peu spéciaux, pour faire dans l’euphémisme, aussi réfrénai-je la tentation de leur conseiller de s’insérer des objets contendants dans l’orifice de leur choix.
Nous entrâmes et immédiatement nous fûmes assaillis par une odeur de vestiaire à peine quittée par une équipe de rugby de division d’honneur. Ca fouettait grave.
-Putain mais ils ont joué au squash ou quoi ? » fit Baptiste.
Du coup on fut obligé de laisser la porte ouverte un moment pour aérer. Lorsque ce fut fait ou que nous nous fûmes accoutumés à l’odeur, nous discutâmes un peu pour savoir comment procéder.
-Bah j’ai écouté un peu des enregistrements de vos répètes que m’a filé Baptiste », nous expliqua Adrien. « Du coup j’ai bossé sur une chanson.
-Ah ouais ? T’as bossé laquelle ?
-Je sais pas comment elle s’appelle.
-La nouvelle » fit Baptiste à la place de son ami
-La dernière nouvelle ou l’ancienne ?
-La dernière.
-Ok, bah on peut essayer, carrément.
Ce que nous fîmes. Et je suis bien obligé d’admettre que je fus relativement impressionné par le jeu d’Adrien. Ca n’était pas le genre à se lancer dans des solos de tapping ou à gratter les cordes avec les dents. Il jouait peu mais bien.
-Cool ! » fis-je, à la fin de la chanson. « C’était bien !
-Merci.
-Et tu pourrais faire des chœurs aussi ?
-Euh…des chœurs ? Sur cette chanson ?
-Bah ouais ! Sur le refrain, ça le ferait !
-Euh…ouais…, fit-il sans paraître convaincu.
On se remit à jouer et une fois parvenu au refrain, je jetais un coup d’œil à Adrien qui, voyant que je l’observais se rapprocha du deuxième micro et ouvrit la bouche. Mais rien n’en sortit. On déroula le morceau mais à la fin, je ne pus m’empêcher de demander quel était le problème.
-Bah disons qu’en fait le chant, c’est pas trop moins point fort non plus.
-C’est pas ton point fort ? Genre tu chantes pas du tout ?
-Bah…euh…non…
Je me retournai vers Baptiste. Qui leva les mains en signe d’impuissance.
-Première nouvelle mec ! J’étais pourtant persuadé de l’avoir entendu chanter une fois.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire